Vous voulez sauvez des vies facilement ? Donnez votre sang ! Cet acte éthique ne vous prendra qu’une heure et de nombreux patients pourront être sauvés grâce à lui. Accidents de la voie publique, accouchements ou interventions chirurgicales peuvent être les causes d’hémorragies ; cancers traités par chimiothérapies, maladies chroniques du sang, etc. : tant de patients ont besoin de transfusions. Mais les réserves s’épuisent vite, comme le souligne régulièrement l’Établissement Français du Sang (EFS), et il n’existe aucun substitut de synthèse au sang humain. Aussi, la mobilisation des donneurs doit être constante. Je suis d’ailleurs bien placée pour le savoir de par mon expérience d’infirmière. En effet, j’ai exercé dans un service hospitalier où je transfusais de jeunes patients très régulièrement : l’hématologie pédiatrique. Parfois, nous attendions de recevoir des plaquettes… Mais les urgences n’attendent pas ! Qu’il s’agisse de globules rouges, de plasma ou de plaquettes et même, parfois, de globules blancs, une transfusion peut sauver une vie. Peut-être vous a-t-elle déjà sauvé ? Ou bien un proche ? Vous voulez sauter le pas mais vous n’osez pas ? Il est vrai que la peur de l’inconnu peut en rebuter plus d’un alors, sans plus attendre, démystifions un peu ce fameux don.
Qu’est-ce que le sang et à quoi sert-il ?
Tout le monde le sait bien : le sang, c’est la vie ! Mais de quoi est composé ce liquide rouge qui parcourt veines et artères et irrigue la totalité de notre corps ?
Les cellules sanguines
Les globules rouges, achemineurs d’oxygène
Ils transportent et alimentent les tissus de nos organes en oxygène, en nutriments et en hormones, indispensables à la vie, à l’équilibre de l’organisme (régulation thermique grâce aux hormones) et au renouvellement cellulaire. En parallèle, ils participent à l’élimination de certains « déchets », comme le dioxyde de carbone, en les transportant jusqu’aux organes concernés, comme les poumons pour le gaz carbonique qui est ensuite expiré, ou encore les reins. Ce sont bien sûr les globules rouges.
Ces derniers, encore appelés hématies ou érythrocytes, renferment une protéine, l’hémoglobine, qui fixe l’oxygène. C’est aussi à elle que l’on doit la couleur rouge de notre sang.
Et notre groupe sanguin, de quoi dépend-il ? Eh bien c’est encore aux globules rouges qu’on le doit. Des protéines, appelées antigènes, fixées à leur membrane déterminent l’appartenance au groupe sanguin A, B, AB ou O.
Les globules blancs, défenseurs de l’organisme
Les défenses immunitaires sont assurées par une autre lignée de cellules : les globules blancs. Appelées également leucocytes, ces cellules fabriquent des anticorps pour défendre l’organisme lorsqu’il est agressé par une bactérie, un virus ou tout autre parasite.
Les plaquettes, actrices de la coagulation
La troisième et dernière lignée de cellules constituant le sang : les plaquettes. Ces dernières jouent un rôle important dans la coagulation. Elles s’agglutinent pour combler la brèche créée lors d’une blessure, stoppant ainsi tout saignement afin d’éviter l’hémorragie.
Enfin, ces trois lignées de cellules sanguines circulent grâce au liquide dans lequel elles baignent : le plasma. Il constitue 50 % du volume sanguin et est composé à 90 % d’eau salée. Il est composé de nombreuses protéines dont la plus importante est l’albumine, responsable de l’hydratation de l’organisme et du maintien de sa volémie. Les immunoglobulines qui participent à la lutte contre les agents infectieux et les facteurs de la coagulation qui aident à équilibrer la « consistance » du sang en luttant à la fois contre l’hémophilie (sang trop liquide, ne parvenant pas à coaguler) et la thrombose (formation de caillots sanguins) circulent dans le plasma.
Des médicaments dérivés du sang sont d’ailleurs fabriqués à partir du plasma, comme les facteurs de la coagulation, l’albumine ou encore les immunoglobulines justement.
Les déficits en cellules sanguines
Le sang est composé à 55% de plasma, 44% de globules rouges et de moins de 1% de plaquettes et globules blancs. Pour mieux visualiser cela, on peut dire que pour 1 globule blanc, on retrouve environ 50 plaquettes et 1000 globules rouges.
Ainsi, un déficit en globules rouges est appelé une anémie ; en plaquettes, une thrombopénie ; en globules blancs, une leucopénie.
Les chimiothérapies peuvent entraîner une baisse de ces trois lignées de cellules et, dans certains cas, les transfusions sont régulières, notamment en globules rouges et en plaquettes.
Beaucoup plus rarement, une transfusion d’un type de globules blancs, les granulocytes, peut être effectuée, dans le cas d’un risque accru d’infection sévère, lorsqu’un traitement antibiotique n’est pas efficace. Mais les leucocytes ont une durée de vie très courte, il faut donc les transfuser rapidement après qu’ils aient été prélevés.
Durée de vie dans l’organisme :
- Hématies : 120 jours
- Leucocytes : 6 à 8 heures
- Plaquettes : environ 7 à 10 jours
Durée de conservation des Produits Sanguins Labiles (PSL), c’est-à-dire le produit issu d’un don de sang :
- Globules rouges : 42 jours
- Plaquettes : 7 jours
- Plasma : 365 jours
Qui peut donner son sang ?
Le don de sang est un acte anonyme et généreux mais qui ne doit en aucun cas nuire à la santé du donneur ou du receveur. Aussi, il y a quelques règles à respecter pour pouvoir donner son sang en toute sécurité :
- être âgé entre 18 et 70 ans (à partir de 60 ans, pour un premier don, suivant l’appréciation au cas par cas d’un médecin de l’EFS, Établissement Français du Sang)
- peser plus de 50 kg
- être apte à suivre l’entretien prédon (et à remplir le questionnaire prédon donc maîtriser suffisamment bien la langue française)
Il vous faudra aussi avoir une adresse postale en France pour recevoir des informations de la part de l’EFS.
Contre-indications au don de sang
Il existe cependant quelques contre-indications au don de sang.
- Une anémie (taux d’hémoglobine trop bas) ou un manque de fer
- Une infection ou de la fièvre (>38 °C) récente (moins de 2 semaines)
- Un contact récent avec une personne contagieuse (délai en fonction de la durée d’incubation et donc du type de maladie)
- Porteur d’une infection de type VIH, hépatite, syphilis, etc.
- Une prise d’antibiotiques en cours ou arrêtée depuis moins de 2 semaines
- La prise de certains médicaments (comme le Roaccutane®, contre l’acné)
- Une vaccination < 4 semaines (BCG, rougeole, rubéole, oreillons)
- Une intervention chirurgicale, un examen endoscopique, un piercing ou un tatouage < 4 mois
- Un soin dentaire récent : < 24 heures pour le traitement d’une carie ; < 7 jours pour une extraction dentaire ou un traitement de la racine
- Un traitement par hormones de croissance avant 1989
- Un antécédent de transfusion ou de greffe, un antécédent familial de maladie à prion
- Un antécédent de consommation de drogues par voie intraveineuse ou intramusculaire
- Un séjour au Royaume-Uni de plus de plus d’un an au total entre 1980 et 1996 (pour écarter une transmission de « la maladie de la vache folle »)
- Un séjour dans certaines régions comme les Tropiques, l’Amérique latine, le Proche et Moyen-Orient il y a moins d’1 à 4 mois, selon le pays
- Des relations sexuelles avec des partenaires différents au cours des 4 derniers mois
- Des relations sexuelles avec un partenaire ayant eu plusieurs partenaires sexuel au cours des 4 derniers mois
- Des relations sexuelles entre hommes au cours des 4 derniers mois
- Des relations sexuelles avec une personne atteinte du VIH ou d’une hépatite B ou C au cours des 12 derniers mois
Fréquence du don de sang :
Cela dépend du type de don et du sexe du donneur. En effet, un homme pourra donner jusqu’à 6 fois par an tandis qu’une femme, du fait de ses menstruations, ne pourra donner que 4 fois maximum par an.
Comment se passe un don de sang ?
Après avoir pris un rendez-vous dans un lieu de collecte, pour un premier don, vous devrez vous présenter avec une pièce d’identité ; pour un donneur régulier, la carte de donneur, la carte vitale ou une carte de transport sont acceptées.
Il est fortement conseillé de ne pas vous y rendre à jeun mais de manger normalement avant et de bien vous hydrater. Évitez de consommer de l’alcool dans les heures précédant le don et, si vous êtes fatigué ou ne vous sentez pas en forme, mieux vaut remettre votre don à plus tard.
Un don de sang total dure environ une heure, toutes étapes comprises.
1ère étape : l’accueil
En premier lieu, après avoir vérifié votre identité et créé votre dossier si vous êtes un nouveau donneur, on vous demandera de remplir un questionnaire prédon. On vous remettra aussi une petite bouteille d’eau, voire deux, afin de « combler » le volume sanguin qui vous sera prélevé.
2ème étape : la consultation prédon
Dans un second temps, un médecin ou une infirmière habilitée vous recevra en entretien afin de revoir avec vous les réponses aux différentes questions et de valider ou non votre éligibilité au don. Cette étape permet de sécuriser le don pour vous et pour le futur receveur. C’est aussi à cette étape que le médecin décidera du volume de sang qui pourra vous être prélevé, en fonction de votre poids (entre 420 et 480 mL, soit moins de 10 % du volume sanguin total de votre corps qui est d’environ 5 litres).
3ème étape : le don
Ça y est, vous arrivez à l’étape cruciale pour laquelle vous vous êtes déplacé : le don. L’infirmière vous demandera sur quel bras vous préférez être prélevé et vous laissera vous installer en position allongée, la tête étant légèrement surélevée. Après avoir revérifié vos nom, prénom et date de naissance, elle procèdera à un test HemoCue® (une petite piqûre au bout du doigt) afin de vérifier votre taux d’hémoglobine (et éliminer une éventuelle anémie qui ne vous permettrait pas de donner votre sang cette fois-ci, pour votre propre santé) s’il s’agit de votre premier don ou si vous n’avez pas donné depuis longtemps (plus de 2 ans). Ensuite, l’infirmière installera un matériel stérile et à usage unique pour prélever votre sang, au niveau du bras choisi. Le don de sang total dure environ 10 minutes. La poche de sang prélevée est maintenue en perpétuelle agitation durant toute la durée du prélèvement (pour éviter sa coagulation).
4ème étape : la collation
Après l’effort, le réconfort comme on dit ! Afin de vous permettre de récupérer, une collation vous sera servie avant que vous ne repartiez après environ 20 minutes de repos.
Vous devrez limiter les efforts physiques durant le reste de votre journée mais rassurez-vous, le sang se régénère rapidement et vous serez à nouveau d’attaque dès le lendemain !
Le don de sang total, qui est le plus courant, vous prendra un peu moins d’1 heure au total. Lors de ce type de don, on vous prélève à la fois globules rouges, plaquettes et plasma.
Pour le don spécifique de plasma, quant à lui, comptez 1h30 et 2 heures pour le don de plaquettes. Nous aborderons ces différents types de don lors d’un prochain article.
Quand et où donner son sang ?
Le don de sang peut être effectué sur une collecte mobile ou directement dans une maison du don. Pour connaître les lieux de collecte, rendez-vous sur la page dédiée du site de l’EFS.
Pour un don de sang total, il vous faudra attendre 8 semaines avant d’effectuer un nouveau don mais vous pourrez effectuer un autre type de don durant cet intervalle : un don de plasma au bout de 2 semaines ou de plaquettes après 4 semaines.
Aujourd’hui, 14 juin, c’est la journée mondiale du donneur de sang, une Belle Occasion de vous jeter à l’eau !
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous rendre directement sur le site de l’EFS.